Courbet et la révolution de 1848
Malgré ses opinions avancées, Gustave Courbet ne prend aucune part, ni même aucun intérêt au mouvement populaire. Trop absorbé par son art, la politique le préoccupe peu. « Rien n'est plus creux que cela, » écrit-il, et la République, selon lui, « n'est pas le gouvernement le plus favorable aux artistes ». Il entend donc les clameurs de la rue sans s'y mêler. Enfermé dans son atelier, il produit sans relâche; presque coup sur coup, il peint le Violoncelliste, Jeune fille dormant, le Soir, le Milieu du jour, le Matin, le Portrait de M. Urbain Cuenot. Ces six tableaux, il les présente au Salon de 1848 et, comme pour contredire sa mauvaise opinion sur le régime républicain, le jury les reçoit tous. Son Violoncelliste, notamment, obtient un grand et légitime succès.
Mais si la renommée s'affirme, la fortune, elle, ne vient pas. Il doit deux termes, c'est-à-dire 220 francs et le troisième approche ; ses habits sont en lambeaux au point que, pour être vêtu décemment, il en est réduit à se faire habiller en garde national et à se promener en cet équipage.
C'est l'époque où la guerre civile se déchaîne dans les rues de la capitale. Bien que gagné aux idées républicaines, il réprouve le meurtre, les pillages et stigmatise dans ses lettres l'assassinat des généraux Regnault et Négrier, ainsi que celui de l'archevêque de Paris. Rien ne laisse prévoir, à ce moment, que le Courbet de 1848 deviendra l'un des membres les plus actifs et les plus convaincus de la Commune.