L'atelier du Peintre tableau de Gustave Courbet

La jeunesse de Gustave Courbet

Gustave Courbet naquit à Ornans, dans le Doubs, le 10 juin 1819. Ses parents n'étaient pas des paysans, au sens étroit du mot, mais de petits propriétaires jouissant d'une honnête aisance. Tant à Ornans qu'à Flagey, où se trouvaient leurs terres, ils récoltaient tous les ans seize muids de vins, ce qui était un assez joli revenu.

Le père, Régis Courbet, était une sorte de bel esprit campagnard, disert, féru d'inventions, de machines agricoles perfectionnées et chercheur d'améliorations agronomiques.

La mère, Sylvie Oudot, était une personne de bon sens, simple et bonne. Elle était apparentée au jurisconsulte Oudot, et son propre père, Jean-Antoine Oudot avait été un révolutionnaire convaincu. C'est lui qui inculqua au jeune Gustave ses idées républicaines et anticléricales ; de son père, il hérita la vanité, l'orgueil, le désir de gloire ; l'influence de sa mère jeta dans son âme cette vive sensibilité, cette bonté dont ce violent donna de si nombreux exemples.

Gustave Courbet était l'aîné d'une famille qui se complétait de trois sœurs : Zélie, Zoé et Juliette, auxquelles il témoigna toujours la plus vive affection et qui, de leur côté, ont toujours pieusement conservé sa mémoire.

En 1831, Régis Courbet mit son fils au petit séminaire d'Ornans, dirigé par l'abbé Gousset, qui fut plus tard archevêque de Reims.

Dès son arrivée au collège, le jeune Gustave se montra turbulent, indiscipliné et paresseux ; il manifesta de bonne heure une aversion très vive à l'endroit du latin, du grec et des mathématiques. Par contre, il se passionna aussitôt pour le dessin dont il apprit les rudiments avec un vieux brave homme de professeur, le « père Beau », maître plus consciencieux qu'habile.

L'élève en sut bientôt plus long que le maître. On possède de cette époque un paysage du jeune Gustave: la Source de la Loue, gauche et naïf essai d'enfant et quelques portraits de camarades.

Cette vocation ne fut pas du goût du père Courbet qui voulait que son fils fut polytechnicien. Aussi le mit-il, en 1837, au collège royal de Besançon pour y étudier la philosophie. Courbet s'y ennuie aussitôt : il y fait froid l'hiver, chaud l'été, et l'on y travaille trop en toute saison ; par surcroît, la nourriture est exécrable ; bref, la vie y serait insupportable si, parmi tant de professeurs de toute sorte, ne se trouvait un professeur de dessin, M. Flajoulot, dont il devient immédiatement le meilleur élève.

Malgré cela, il supporte impatiemment le joug de l'école et il songe à le secouer. Il écrit lettres sur lettres à son père pour le supplier de le mettre externe ; mais celui-ci fait la sourde oreille. Il ne cède que sur la menace formelle de Gustave de s'enfuir du collège.

A la rentrée de Pâques, le jeune collégien est installé dans une petite chambre de la Grande-Rue, à Besançon, dans la maison où était né Victor Hugo.

Pour remercier ses parents de ce geste généreux, Gustave s'efforce de leur donner satisfaction et s'applique aux mathématiques, à la littérature, à la philosophie. Mais ses goûts vont plus que jamais à la peinture. Dans sa maison même habitent deux peintres, Jourdain et Arthaud, le fils de son propriétaire; il fait également la connaissance d'un jeune artiste, appelé Baille, qui l'emmène avec lui aux cours de Flajoulot, qui est directeur de l'École des Beaux-Arts de Besançon. Il finit même par oublier complètement le chemin de l'Académie pour n'aller plus qu'à l'École de dessin.

Flajoulot était un excellent homme, bon professeur mais un peu fou, qui s'intitulait modestement : le roi du dessin. Sectateur de David, il avait le culte de la forme et il inculqua à Courbet de solides principes. C'est à cette école que Courbet acquit ce dessin ferme, ce trait net, précis, expressif, qui sont la charpente de toutes ses œuvres.

Le jeune élève s'essaye déjà à produire ; il a commencé par quelques lithographies, dont quelques-unes réussies. Le voilà maintenant qui brosse des toiles de genre, naïves encore, mais qui accusent déjà une personnalité : les Moines de la Chaise-Dieu, une Arcade, puis des paysages d'Ornans et des environs : la Roche du Mont, l'Entrée d'Ornans, la Vallée de la Loue, les Iles de Montgesoye, etc.

A partir de ce moment, le jeune Courbet rêve d'aller à Paris, pour y compléter son éducation artistique et y conquérir la gloire. Mais comment décider le père Courbet? Hypocritement, il lui témoigne son désir de faire son droit dans la capitale et de s'y créer une situation bourgeoise. Croyant son fils revenu à des idées plus saines, Régis Courbet accorde l'autorisation et le jeune peintre part pour Paris plein d'ambition, d'espoir et de courage.